C'est dès la petite enfance que se mettent en place
les bases de la confiance en soi que chaque adulte aimerait bien posséder et transmettre à ses
enfants. C'est en quelque sorte le message qu'a souhaité transmettre Chantal de Truchis en
conférence à Sébazac le 20 mars, invitée par l'IFMAN sud-ouest. 180 personnes étaient
présentes.
Laisser l'enfant agir et
découvrir
A partir d'un petit film, Chantal de Truchis montre les diverses
étapes du développement d'un bébé mis en situation de découvrir seul ses potentialités, en
intervenant peu, sans le stimuler à tout moment ou le surprotéger.
L'enfant qui naît ne
sait rien de son corps. Il expérimente peu à peu, profitant à plein de ses découvertes. Son regard
est intense, attentif et concentré. Mis dans une situation où il est à l'aise et détendu, il
éprouve, découvre ses extrémités, son dos. Il apprend à se retourner, se redresser, monter sur un
coussin ou plus tard sur une banquette, monter ou descendre une marche puis un escalier, à se
mouvoir dans l'espace, se redresser, à manipuler de petits objets à sa mesure...
Progrès
après progrès, son corps tout entier se met en joie, il sent une énergie agréable qui le traverse :
il vit à chaque fois une expérience de plaisir, d'effort ou de repos. Des liens cérébraux entre
geste et souffle se mettent en place...
Sous le regard confiant et encourageant des parents
S'il est
important de laisser l'enfant découvrir lui même un objet et l'usage qu'il peut en faire, cela doit
toujours se passer sous le regard discret du parent (ou de celui ou celle qui le remplace).
L'enfant se sent rassuré et encouragé. Il a du plaisir à montrer ce qu'il fait.
L'envie de
se mettre debout vient naturellement, peu importe à quel âge, lorsque quelque chose l'incite à
regarder ou à passer par dessus. Il est en recherche de coordination de ses mouvements et jubile
lorsqu'il y parvient.
La tentation est grande de l'aider ou de lui montrer comment faire
ou à quoi sert l'objet qu'on lui offre ou de lui dire : « fais attention ! ». Lorsque l'enfant a pu
trouver la solution par lui-même, il va garder longtemps, à l'intérieur de lui, cette confiance en
ses capacités.
L'enfant se blesse rarement en tombant ou ne se fait jamais grand mal. Le
rôle des parents est de les mettre en situation de faire des expériences, dans un cadre sécurisant,
sous leur regard patient et bienveillant.
C'est dans toutes ces petites expériences de la
petite enfance que se situent les racines de la confiance en soi. Le parent doit savoir que le bébé
sait faire plein de choses par lui-même, qu'il éprouve du plaisir à découvrir et expérimenter, même
au prix d'un effort. Le résultat au terme d'un effort se traduit pas la sécrétion dans le cerveau
de l'hormone de bien-être qui permet elle-même un développement facilité des neurones : il est
probable que cela ne s'efface jamais.
Marcher seul à 10 ou à 15 mois n'a aucune importance
mais la déception du parent, si l’enfant marche plus tard, sera ressentie par le
bébé...
La concentration et le plaisir de découvrir sont identiques quelque soit l'enfant,
même si celui a un handicap : il doit pouvoir vivre les mêmes expériences d'effort et de plaisir..
Ne pas le prendre dans les bras dès qu'il pleure peut lui permettre de vivre une expérience
d'effort et de le surmonter, lui permettant d'expérimenter cette plénitude naturelle qui permet
d'avancer en confiance dans la vie.
Le lien
adulte-enfant
Toute cette progression ne peut donc se développer que dans un
lien d'attachement et de confiance avec le parent. L'intériorisation de l'amour des parents ne
vient que vers 7-10 ans. D’ci là, l'enfant a besoin de ressentir cette présence de parents qui
pensent toujours à lui. A la crèche, chez la nounou ou à la maternelle, l'enfant a besoin d'être
virtuellement rattaché à ses parents par des mots, un objet, un dialogue entre la personne qui le
prend en charge et le parent.
Lorsque l'enfant se sent perdu, nourrir ce lien, le
rattacher virtuellement à ses parents le rassure, le met en sécurité, lui permet que son image de
lui soit bonne et que son comportement s’améliore. Attention aux organisations du travail qui
changent trop souvent ces référents et insécurisent l’enfant !
Regardé avec attention,
l’enfant se sent important et en sécurité. « Les enfants ont besoin d’être regardés comme les
adultes ont besoin d’être écoutés ».
intervention de
l'IFMAN
Quand l’enfant
grandit
Certains enfants sont très vifs et lorsqu’ils vont à l’école maternelle
vont devoir rester longtemps immobiles. D’où l’importance d’organiser la durée des activités en
fonction de chacun. Sinon, on le paye après avec des enfants qui ne vont pas bien.
Il est
important d’apprendre quand on est prêt à apprendre et en réussissant. On ne se construit pas par
l’échec.
A cet âge, poser des limites aide aussi à construire la sécurité. Si on a
l’habitude de raconter 2 histoires le soir, c’est 2. Il n’y a pas de 3ème. Sinon, l’enfant en
demandera toujours une de plus... De même pour le deuxième dessert que l’enfant ne sera pas heureux
de manger.
L’enfant dans l’incertitude s’inquiète, est dans le chagrin ou
l’énervement.
Les enfants d’aujourd’hui sont de plus en plus sollicités. A nous de les
aider à surmonter toutes ces sollicitations. Face à une colère dans un supermarché, aider l’enfant
à accepter que ce ne soit pas comme il voudrait plutôt que de le gronder.
Lui-même n’a
pas encore en lui la capacité de faire face à toutes ces sollicitations. Son cerveau n’est pas
encore capable de la faire. Un enfant grondé pour quelque chose qu’il n’est pas encore capable de
faire est dans l’ébullition. Si possible prévoir et prévenir ces moments en lui proposant un autre
objet.
Beaucoup d’enfants sont agités ou agressifs parce que confrontés à des obligations
trop fortes. Réagir en disant : « c’est difficile mais je vais t’aider ».
Les enfants qui
vont à l’école sont souvent stressés. Une erreur à éviter est de dire à l’enfant qui ne fait pas
ce qu’on entend de lui : « tu vas voir ce que la maîtresse, elle va dire... ». L’enfant à qui on
annonce des punitions ne va pas aller à l’école en confiance.
L’enfant a besoin d’être
fier de ses réussites. S’il est en échec, lui demander : « qu’est-ce qui a été difficile pour toi ?
» Écouter avant de proposer... faire se demander chaque jour à l’enfant : « qu’est-ce que j’ai fait
de bon aujourd’hui ? »
Et si la confiance a été perdue ? La confiance en soi est toujours
rattrapable... accompagner l’enfant, faire progressivement, y croire, se rassurer, se donner du
temps. On a tous des ressources infinies. Cela interroge aussi la confiance en soi et la
bienveillance avec lui-même du parent...
La soirée s’achève par des questions et échanges
avec l’intervenante.